Les grandes lignes de l’histoire géologique du massif du Chablais.
Juin11

Les grandes lignes de l’histoire géologique du massif du Chablais.

Il y a 200 millions d’années environ, au début du Mésozoïque, une mer peu profonde existait à la place des Alpes. Cette mer alpine (ou océan Alpin) a été soumise à une forte évaporation liée au climat chaud qui prévalait alors. Cette évaporation a favorisé le dépôt de couches de sel. Vers moins 190 millions d’années, c’est-à-dire au début du Jurassique, cette mer peu profonde connaît une déformation liée à l’agrandissement de l’océan Atlantique. Ces déformations tectoniques ont créé des bassins dans lesquels se sont déposées de puissantes séries de sédiments dont le faciès variait suivant la profondeur de la tranche d’eau, l’éloignement des côtes, la direction des courants. Vers moins 130 millions d’années, au Crétacé moyen et supérieur, les distensions liées à l’expansion de l’océan Atlantique ont cessé et c’est un mouvement inverse qui s’est organisé avec le rapprochement de la plaque africaine vers la plaque eurasiatique. La fermeture de la mer alpine s’est poursuivie jusqu’au début de l’Oligocène, il y a 35 millions d’années. Les dépôts sédimentaires se sont décollés de leur socle d’origine grâce aux niveaux d’évaporites (anhydrite, sel gemme) qui ont joué un rôle de lubrifiant et se sont empilés les uns sur les autres. Là où les dépôts morainiques sont absents, il est possible de distinguer les dépôts molassiques tertiaires, notamment au mont de Boissy à l’est de Douvaine et en Suisse entre Saint Gingolph et Bouveret. Les terrains molassiques sont chevauchés par les différentes nappes de charriage qui constituent le massif du Chablais. Ainsi sur les terrains molassiques se trouvent la nappe du Gurnigel qui correspond à la montagne des Voirons au sud est de Saint Cergues, puis la nappe des Préalpes médianes qui constitue la majeure partie du Chablais. La Dent d’Oche 2222 m., le mont Billiat 1895 m. à l’ouest du lac du Jotty, les Cornettes de Bises 2432 m., la pointe d’Autigny 1808 m., le Jorat 1830 m., le mont Chauffé 2095 m., la Haute Pointe 1958 m., au nord de Sommant, constituent les points culminants de la nappe des Préalpes Médianes. Chevauchante sur cette dernière, la nappe de la Brèche dessine un vaste synclinal dont l’axe est nord-est – sud-ouest avec au nord ouest de cet axe un pli anticlinal. Du nord est au sud ouest se trouvent, sur le flanc nord-ouest du synclinal, les sommets du mont de Grange(2432), du roc de Tavaneuse 2156 m., du Roc d’Enfer 2244 m., et sur le flanc sud-est la tour de Don 1998 m., le Morclan 1970 m., la tête du Linga 2156 m., la tête du Géant 2233 m., la pointe de Chésery 2251 m., les Hauts Forts 2466m., la...

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La géologie et la géomorphologie locale.
Juin06

La géologie et la géomorphologie locale.

Lors d’une de vos ballades sur les sentiers qui parcourent le versant ouest du massif du Linga, entre le lac de Vonnes et Plaine-Dranse, nous vous proposons de découvrir la géologie et la géomorphologie locale. Pour la zone qui nous concerne, nous trouvons la succession de trois nappes qui, du nord au sud, sont la nappe des Préalpes médianes (Cornettes de Bise), la nappe de la brèche (Mont de Grange) et la nappe supérieure des Préalpes qui s’est déposée sur les deux précédentes au coeur des synclinaux. La mise en place de ces nappes d’origine briançonnaise et subbriançonnaise(nappe des préalpes médianes), prépiémontaise (nappe de la brèche), s’est effectuée il y a 35 millions d’années. Coupe géologique longitudinale dans le flanc sud est du massif du mont de grange, entre Pré la Joux et Villapeyron De Pré la Joux à Villapeyron, hameau situé au niveau du départ de la télécabine du Linga, on peut distinguer un escarpement de roche calcaire de la brèche supérieure qui par une succession de petites failles s’élève progressivement pour passer de 1400m. à 1750 m. au-dessus des hameaux de Très les Pierres et de la Ravine. Ensuite, et toujours par succession de failles, la couche calcaire de la brèche supérieure redescend pour réapparaître sous forme d’un petit escarpement sous les chalets des Boudimes à 1400 m. Entre Très les Pierres et Villapeyron le creusement de la vallée par les glaciers permet de distinguer les couches géologiques qui reposent sous les calcaires de la brèche supérieure avec les schistes ardoisiers, visibles sous la niche d’arrachement de l’écroulement de l’Essert à gauche de la cascade du même nom. Sous ces schistes ardoisiers reposent les calcaires de la brèche inférieure et les schistes inférieurs. Quelques escarpements de la brèche inférieure sont visibles vers 1350 m. en rive gauche du ruisseau de la Ravine. A la base du versant les dépôts glaciaires sont nombreux et de plus en plus importants vers l’aval. Depuis le retrait glaciaire (environ 12.000 ans) le remodelage des versants a entraîné: la formation de nombreux talus d’éboulis dont certains sont encore actifs (la végétation étant absente). L’action de l’eau associée au gel dans les fissures des roches provoque le processus de la gélifraction. L’eau a son volume qui augmente de 10% et exerce une pression de 14kg/cm² ce qui entraîne l’éclatement des roches qui tombent lors du dégel. des cônes de déjection comme celui élaboré à l’amont immédiat de Très les Pierres par le ruisseau de Cornillon. Le torrent, chargé des produits de l’érosion, transportait les matériaux sans difficulté tant que la pente était forte, en arrivant sur le bas du versant la pente s’adoucissant entraînait...

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Châtel sous les glaciers !
Mai30

Châtel sous les glaciers !

Les traces glaciaires sont nombreuses sur la commune de Châtel. Le glacier de la Dranse d’Abondance prenait naissance, au sud de la commune, sous la pointe de Chésery à 2251 mètres, il s’écoulait ensuite vers Pré-la-Joux, puis prenait une direction sud ouest- nord est, il recevait quelques glaciers en provenance du versant est du massif du Mont de Grange et des glaciers descendant du massif du Linga. Aujourd’hui quelques moraines latérales sont visibles au-dessus des chalets de Plaine Dranse et des placages morainiques recouvrent le fond de la vallée Dranse. Quelques escarpements rocheux calcaires restent les témoins du passage du glacier, ces rebords d’auge glaciaire ont été soumis à la compression de la glace. Depuis le retrait du glacier, il y a environ 12000 ans, les versants sont soumis à une décompression glaciaire. Cela explique les nombreux blocs de plusieurs m3 que l’on trouve aussi bien en rive droite qu’en rive gauche de la Dranse. Pour expliquer le phénomène, nous pouvons prendre l’exemple de l’écroulement de l’Essert en avril 1986 qui a enseveli la route menant à Pré-la-Joux. Les phénomènes de décompression ont joué dans la fissuration des roches, ainsi que le rôle de l’homme (ardoisières) et les infiltrations d’eau liées à la fonte de la neige et aux pluies abondantes. Plus vers l’aval et en direction de la Chapelle d’Abondance, le glacier devait recevoir par une transfluence un bras du glacier du Rhône qui franchissait le Pas de Morgins. Une moraine convexe vers la France forme le col. Ainsi grossi, le glacier recevait encore en rive gauche l’alimentation du glacier local du Morclan, dont il reste aujourd’hui dans le paysage la forme circulaire du cirque glaciaire, puis, il continuait sa progression, en étant alimenté par de nombreux glaciers locaux, pour rejoindre le glacier du Rhône. A Châtel les dépôts morainiques, souvent épais, sont des témoins de périodes plus froides où la limite des neiges permanentes devaient se situer vers...

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Essai de reconstitution du dernier retrait glaciaire dans la vallée d’Abondance.
Mai14

Essai de reconstitution du dernier retrait glaciaire dans la vallée d’Abondance.

Cette reconstitution concerne la commune de La Chapelle-d’Abondance et Abondance, sur le versant nord du massif du Mont de Grange. Au maximum du Würm Nous pouvons considérer la vallée comme étant remplie de glace jusque vers 1400 – 1500m. Cette épaisseur résulte de la réunion d’une transfluence* du glacier du Rhône et des glaciers locaux à savoir de l’amont vers l’aval, celui de la Dranse (cirque au-dessus des chalets de Plaine Dranse), glacier de Conche (dans le vallon de Fiollaz), glacier du Morclan (l’érosion glaciaire a construit, en amont du vallon du Terroit, un grand cirque), le glacier des Mattes (dans le vallon de Trébentaz), le glacier de Chemine (vallon du Folliet), le glacier de Pertuis. Ces trois derniers glaciers sont à l’origine de très beaux cirques sous le sommet du Mont de Grange. Enfin, à Abondance le glacier grossit encore avec la confluence des glaciers provenant d’Ardens et de Tavaneuse et il se trouve au passage confronté à un verrou* qui a certainement eu pour effet d’augmenter en amont l’épaisseur de la glace. Le croquis montre l’importance des glaciers dans la partie amont de la vallée d’Abondance mais aussi la construction des moraines latérales de la Combe et du glacier des Mattes. Les moraines* les plus hautes(1400 m) n’ont pas été représentées car elles se sont vraisemblablement formées lors d’une phase de stagnation du glacier à une altitude plus basse qu’au maximum. Stagnation du glacier pendant le retrait Il n’y avait certainement plus de transfluence* au Pas de Morgins et le glacier de la Dranse n’est plus alimenté que par les glaciers locaux les plus puissants. Sur le croquis nous avons représenté les glaciers descendant du Mont de Grange et rejoignant le glacier principal. Celui-ci a construit les moraines* vers 1190 m . Dernières phases du retrait sur le versant Nord du Mont de Grange: Le glacier de Chemine: Celui-ci a stagné vers 1448 m où il reste un petit morceau de vallum* morainique frontal. Puis le glacier a certainement évolué en glacier de cirque et a déposé de la moraine* vers 1980 m . Le glacier de Pertuis: Un ombilic* derrière un verrou* de Brèche Supérieure s’est développé lors du passage du glacier au maximum de sa puissance; puis le glacier a longtemps stagné vers 1640 m d’altitude pour élaborer le très beau vallum* morainique bien visible depuis 1’arête Nord-Ouest qui mène au sommet du Mont de Grange. Vocabulaire: Ombilic: forme de surcreusement située à l’amont d’une zone difficile à franchir par les glaciers que l’on appelle verrou*. Moraines :les moraines sont des dépôts glaciaires formés des matériaux, de différentes tailles, détachés de la montagne. Transfluence: Passage d’une...

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Le cloître de l’abbaye d’Abondance
Mar27

Le cloître de l’abbaye d’Abondance

La visite guidée de ce lieu chargé d’histoire se fait sous la conduite d’un guide. La commune d’Abondance a adhéré à l’association des guides du patrimoine des pays de Savoie qui a pour but de promouvoir ce site fabuleux qui comprend le cloître du XIVième siècle, l’église abbatiale du XIIIième siècle et le musée d’art religieux. Vous pourrez au cours de la visite apprendre que les peintures sont d’un style italien, plus précisément toscan du début du XVe et qu’elles ont subit une influence française qui a joué aussi par l’esprit des épouses des Comtes de Savoie: Bonne de Berry, Bonne de Bourbon, Marie de Bourgogne. L’intention du peintre qui les a réalisées, était de représenter les « mystères » de la vie de la Vierge Marie tantôt dans un décor italien, tantôt dans un décor d’Abondance Les signes du zodiaque et les travaux de chaque mois de l’année représentés sous les clefs de voûtes ainsi que les peintures murales sont les plus admirés. En fonction de l’intérêt et de la curiosité des groupes la visite guidée dure de 30 minutes à 1 heure. Renseignements sur les visites : Abbaye d’Abondance BP 01 74360 ABONDANCE Tel : 04 50 81 60 54 E-mail : [email protected]   Les scènes : 1. Annonciation L’archange Gabriel, dans le cœur flamboyant d’une chapelle gothique, symbolisant l’espace sacré, est agenouillé à gauche de la Vierge. 2. La Visitation Le cadre évoque l’Italie. La présence de Joseph sans nimbe est très surprenante. Il est sans doute là pour répondre aux accusations d’un texte païen écrivant que le père de Jésus était un soldat romain. Entre 1439 et 1441, l’anticoncile de Bâle reconnaîtra l’Immaculée Conception et la  » Visitation  » . Le culte de Joseph est peu marqué en Occident au Moyen-Age, cela explique qu’il ne soit pas auréolé.     3. La Nativité et l’Adoration des bergers La scène est archaïque depuis que les révélations de Sainte Brigitte de Suède nous ont appris à voir un enfant nu, rayonnant de lumière. Les détails ethnographiques locaux – sauf le bœuf qui n’appartient pas à la race d’Abondance – sont nombreux (tabouret, cuvette…). Le paysage évoque la vallée. Le visage de Marie est proche de celui d’une princesse de Savoie. Joseph sommeille, il n’est pas le père, son intelligence humaine ne peut lui permettre de comprendre. Une servante verse de l’eau dans une cuvette en bois, comme il en existait encore au début du XXème siècle, il faudra bien le laver. Au sommet d’une montagne non enneigée – la naissance n’a pas eu lieu à Abondance mais en Palestine – un phylactère annonce aux bergers interloqués la...

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Abbaye Notre-Dame-de-l’Assomption
Mar24

Abbaye Notre-Dame-de-l’Assomption

L’abbaye Notre-Dame-de-l’Assomption a été fondée en 1139 à l’emplacement d’un prieuré du XIe siècle. Les travaux, commencés aux environs de 1280 sous l’abbatiat de Reymond, se poursuivent jusque vers 1350. Le cloître actuel a été construit par l’abbé Jean IV entre 1330 et 1350. Les bâtiments qui constituent cette abbaye ont été plusieurs fois reconstruits en raison des incendies qui les ont ravagés en 1440, 1633 et 1728. L’abbaye a appartenu d’abord aux chanoines réguliers de Saint-Augustin, puis aux cisterciens réformés de la congrégation des feuillants de 1606 à 1761. En 1789 la municipalité d’Abondance a vendu une partie des bâtiments qui ont été rachetés en 1836 par les frères Sallavuard. Dans la deuxième moitié du XIXes, la mairie a fait l’acquisition du corps sud dans le but d’installer ses locaux. En 1875, elle devient le premier édifice savoyard, classé au titre des Monuments Historiques. Pièce maîtresse du Pays d’art et d’histoire de la vallée d’Abondance, label décerné en 2003 par le Ministère de la Culture et de la Communication, l’abbaye d’Abondance possède encore son église abbatiale, son cloître et ses bâtiments conventuels. Outre son architecture gothique de montagne, l’abbaye recèle de fabuleux trésors artistiques dont des peintures en trompe l’oeil du XIXème dans l’église abbatiale et les peintures murales du cloître.         Renseignements : Abbaye d’Abondance BP 01 74360 ABONDANCE Tel : 04 50 81 60 54 E-mail :...

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