La nappe supérieure des Préalpes
Juin15

La nappe supérieure des Préalpes

La coupe géologique simplifiée permet de distinguer entre Lenlevay et la Tête de Lindaret un synclinal perché dont le coeur est rempli de flysch schisto-gréseux. Cette couche géologique, qui appartient à la nappe supérieure des Préalpes, constitue aussi la ligne de relief d’orientation nord-ouest – sud-est que l’on suit de la crête des Rochassons en passant par la Tête des Lindarets 1950 m, le col de Bassachaux 1778 m, la pointe de Lens 1827m, l’arête des Fours et la pointe des Lanches 1863 m.   La dissymétrie qui existe entre les versants s’explique par le processus de gélivation* plus important sur les versants exposés au nord où la neige s’accumule et reste plus longtemps. Pendant les périodes froides des cirques glaciaires se sont formés mais ils sont aujourd’hui mal conservés en raison du manque de résistance des flyschs à la gélifraction*. Cette dernière a fourni suffisamment de matériaux pour adoucir les pentes. Ces terrains sont fragiles et favorisent les mouvements de solifluxion* et les glissements. (Texte: Bertrand Guffroy) Vocabulaire: Solifluxion: Descente, sur un versant, de matériaux boueux ramollis par l’augmentation de leur teneur en eau liquide. Gélivation (synonymes: Gélifraction ou cryoclastie.):Fragmentation d’une roche sous l’effet du gel de l’eau contenue dans ses...

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Les grandes lignes de l’histoire géologique du massif du Chablais.
Juin11

Les grandes lignes de l’histoire géologique du massif du Chablais.

Il y a 200 millions d’années environ, au début du Mésozoïque, une mer peu profonde existait à la place des Alpes. Cette mer alpine (ou océan Alpin) a été soumise à une forte évaporation liée au climat chaud qui prévalait alors. Cette évaporation a favorisé le dépôt de couches de sel. Vers moins 190 millions d’années, c’est-à-dire au début du Jurassique, cette mer peu profonde connaît une déformation liée à l’agrandissement de l’océan Atlantique. Ces déformations tectoniques ont créé des bassins dans lesquels se sont déposées de puissantes séries de sédiments dont le faciès variait suivant la profondeur de la tranche d’eau, l’éloignement des côtes, la direction des courants. Vers moins 130 millions d’années, au Crétacé moyen et supérieur, les distensions liées à l’expansion de l’océan Atlantique ont cessé et c’est un mouvement inverse qui s’est organisé avec le rapprochement de la plaque africaine vers la plaque eurasiatique. La fermeture de la mer alpine s’est poursuivie jusqu’au début de l’Oligocène, il y a 35 millions d’années. Les dépôts sédimentaires se sont décollés de leur socle d’origine grâce aux niveaux d’évaporites (anhydrite, sel gemme) qui ont joué un rôle de lubrifiant et se sont empilés les uns sur les autres. Là où les dépôts morainiques sont absents, il est possible de distinguer les dépôts molassiques tertiaires, notamment au mont de Boissy à l’est de Douvaine et en Suisse entre Saint Gingolph et Bouveret. Les terrains molassiques sont chevauchés par les différentes nappes de charriage qui constituent le massif du Chablais. Ainsi sur les terrains molassiques se trouvent la nappe du Gurnigel qui correspond à la montagne des Voirons au sud est de Saint Cergues, puis la nappe des Préalpes médianes qui constitue la majeure partie du Chablais. La Dent d’Oche 2222 m., le mont Billiat 1895 m. à l’ouest du lac du Jotty, les Cornettes de Bises 2432 m., la pointe d’Autigny 1808 m., le Jorat 1830 m., le mont Chauffé 2095 m., la Haute Pointe 1958 m., au nord de Sommant, constituent les points culminants de la nappe des Préalpes Médianes. Chevauchante sur cette dernière, la nappe de la Brèche dessine un vaste synclinal dont l’axe est nord-est – sud-ouest avec au nord ouest de cet axe un pli anticlinal. Du nord est au sud ouest se trouvent, sur le flanc nord-ouest du synclinal, les sommets du mont de Grange(2432), du roc de Tavaneuse 2156 m., du Roc d’Enfer 2244 m., et sur le flanc sud-est la tour de Don 1998 m., le Morclan 1970 m., la tête du Linga 2156 m., la tête du Géant 2233 m., la pointe de Chésery 2251 m., les Hauts Forts 2466m., la...

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Châtel sous les glaciers !
Mai30

Châtel sous les glaciers !

Les traces glaciaires sont nombreuses sur la commune de Châtel. Le glacier de la Dranse d’Abondance prenait naissance, au sud de la commune, sous la pointe de Chésery à 2251 mètres, il s’écoulait ensuite vers Pré-la-Joux, puis prenait une direction sud ouest- nord est, il recevait quelques glaciers en provenance du versant est du massif du Mont de Grange et des glaciers descendant du massif du Linga. Aujourd’hui quelques moraines latérales sont visibles au-dessus des chalets de Plaine Dranse et des placages morainiques recouvrent le fond de la vallée Dranse. Quelques escarpements rocheux calcaires restent les témoins du passage du glacier, ces rebords d’auge glaciaire ont été soumis à la compression de la glace. Depuis le retrait du glacier, il y a environ 12000 ans, les versants sont soumis à une décompression glaciaire. Cela explique les nombreux blocs de plusieurs m3 que l’on trouve aussi bien en rive droite qu’en rive gauche de la Dranse. Pour expliquer le phénomène, nous pouvons prendre l’exemple de l’écroulement de l’Essert en avril 1986 qui a enseveli la route menant à Pré-la-Joux. Les phénomènes de décompression ont joué dans la fissuration des roches, ainsi que le rôle de l’homme (ardoisières) et les infiltrations d’eau liées à la fonte de la neige et aux pluies abondantes. Plus vers l’aval et en direction de la Chapelle d’Abondance, le glacier devait recevoir par une transfluence un bras du glacier du Rhône qui franchissait le Pas de Morgins. Une moraine convexe vers la France forme le col. Ainsi grossi, le glacier recevait encore en rive gauche l’alimentation du glacier local du Morclan, dont il reste aujourd’hui dans le paysage la forme circulaire du cirque glaciaire, puis, il continuait sa progression, en étant alimenté par de nombreux glaciers locaux, pour rejoindre le glacier du Rhône. A Châtel les dépôts morainiques, souvent épais, sont des témoins de périodes plus froides où la limite des neiges permanentes devaient se situer vers...

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Essai de reconstitution du dernier retrait glaciaire dans la vallée d’Abondance.
Mai14

Essai de reconstitution du dernier retrait glaciaire dans la vallée d’Abondance.

Cette reconstitution concerne la commune de La Chapelle-d’Abondance et Abondance, sur le versant nord du massif du Mont de Grange. Au maximum du Würm Nous pouvons considérer la vallée comme étant remplie de glace jusque vers 1400 – 1500m. Cette épaisseur résulte de la réunion d’une transfluence* du glacier du Rhône et des glaciers locaux à savoir de l’amont vers l’aval, celui de la Dranse (cirque au-dessus des chalets de Plaine Dranse), glacier de Conche (dans le vallon de Fiollaz), glacier du Morclan (l’érosion glaciaire a construit, en amont du vallon du Terroit, un grand cirque), le glacier des Mattes (dans le vallon de Trébentaz), le glacier de Chemine (vallon du Folliet), le glacier de Pertuis. Ces trois derniers glaciers sont à l’origine de très beaux cirques sous le sommet du Mont de Grange. Enfin, à Abondance le glacier grossit encore avec la confluence des glaciers provenant d’Ardens et de Tavaneuse et il se trouve au passage confronté à un verrou* qui a certainement eu pour effet d’augmenter en amont l’épaisseur de la glace. Le croquis montre l’importance des glaciers dans la partie amont de la vallée d’Abondance mais aussi la construction des moraines latérales de la Combe et du glacier des Mattes. Les moraines* les plus hautes(1400 m) n’ont pas été représentées car elles se sont vraisemblablement formées lors d’une phase de stagnation du glacier à une altitude plus basse qu’au maximum. Stagnation du glacier pendant le retrait Il n’y avait certainement plus de transfluence* au Pas de Morgins et le glacier de la Dranse n’est plus alimenté que par les glaciers locaux les plus puissants. Sur le croquis nous avons représenté les glaciers descendant du Mont de Grange et rejoignant le glacier principal. Celui-ci a construit les moraines* vers 1190 m . Dernières phases du retrait sur le versant Nord du Mont de Grange: Le glacier de Chemine: Celui-ci a stagné vers 1448 m où il reste un petit morceau de vallum* morainique frontal. Puis le glacier a certainement évolué en glacier de cirque et a déposé de la moraine* vers 1980 m . Le glacier de Pertuis: Un ombilic* derrière un verrou* de Brèche Supérieure s’est développé lors du passage du glacier au maximum de sa puissance; puis le glacier a longtemps stagné vers 1640 m d’altitude pour élaborer le très beau vallum* morainique bien visible depuis 1’arête Nord-Ouest qui mène au sommet du Mont de Grange. Vocabulaire: Ombilic: forme de surcreusement située à l’amont d’une zone difficile à franchir par les glaciers que l’on appelle verrou*. Moraines :les moraines sont des dépôts glaciaires formés des matériaux, de différentes tailles, détachés de la montagne. Transfluence: Passage d’une...

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