Climatologie du Haut-Chablais
Dans le massif préalpin septentrional du Chablais, le Haut Chablais est situé à une trentaine de kilomètres du lac Leman (Vallée d’Aulps, Val d’Abondance, station de Bernex). Le climat montagnard du Haut Chablais est ainsi atténué pour les communes de Chevenoz, Vacheresse et Bonnevaux, de Vinzier, de la Vallée Verte et de la vallée du Brevon par les effets adoucissant et humide du lac en hiver. Pour les communes d’Abondance, la Chapelle-d’Abondance, Châtel, Morzine, Les Gets, Bernex… les effets du lac n’influencent quasiment plus le climat. A une échelle plus vaste, les Alpes du Nord sont soumises à des influences océaniques et continentales. Afin de comprendre le climat du Haut Chablais, nous avons réalisé une étude en trois points: Quelques généralités pour comprendre les mécanismes météorologiques. L’importance des fronts pour expliquer la météorologie locale. Les caractéristiques du climat de montagne appliquées au Val d’Abondance. Quelques généralités pour comprendre les mécanismes météorologiques Les dépressions ou zones de basses pressions se déplacent le plus souvent de l’ouest vers l’est, elles se forment sur l’océan Atlantique et elles sont accompagnées de systèmes nuageux ou perturbations. Les perturbations se constituent au contact de deux masses d’air de températures différentes (condensation). Les perturbations sont la matérialisation visible des fronts froids et des fronts chauds. Les perturbations donnent généralement des précipitations liquides ou solides (neige, grésil, grêle…). Dans l’hémisphère Nord, les vents tournent, autour du centre dépressionnaire, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Les principales dépressions qui affectent notre temps sont: · les dépressions atlantiques centrées à l’ouest de la France. Elles donneront des épisodes de fœhn tant que le vent sera orienté au sud et des précipitations abondantes dans un air doux lorsque le vent s’oriente au sud-ouest. La limite pluie-neige remonte au-dessus de 2000m. en hiver. · Les dépressions centrées sur la Mer du Nord. Le passage des fronts froids donnera des précipitations plus ou moins continues avec de la neige jusqu’en plaine en hiver. Le vent sera orienté ouest à nord. · Les dépressions centrées sur le Golfe de Gênes. Elles provoquent des retours d’est avec en hiver des chutes de neige poudreuse modérées. Les anticyclones ou zones de hautes pressions sont caractérisées par un ciel souvent dégagé et des températures élevées en été, basses en hiver. En automne et en hiver, l’absence de vent provoque une couche de stratus qui recouvre les communes de Chevenoz, Vacheresse et Bonnevaux et plus rarement les communes du haut de la vallée. Au-dessus de ces nuages, le ciel est dégagé. Les principaux anticyclones qui affectent notre temps sont l’anticyclone des Acores (en été) et l’anticyclone continental (en hiver). L’importance des fronts...
Formes et formations karstiques au sommet du Mont de Grange.
Monter au sommet du mont de Grange est une randonnée qui offre de magnifiques panoramas mais si en plus vous vous intéressez à la forme en « cratère » du sommet, vous découvrirez qu’il ne s’agit en rien d’un volcan comme le disent certains plaisantins… Nous avons sur le sommet des formes et formations karstiques comme l’on peut en trouver en Suisse dans la montagne de l’hiver sous les lacs verts (Voir notre fiche sur cette randonnée). Les formes karstiques sont dues à la dissolution par les eaux des roches calcaires de la Brèche supérieure. L’importance des précipitations, la fonte lente de la neige, les phases plus froides qui ont régné au Quaternaire, mais aussi la présence de roches calcaires pures à 80-90% dans la Brèche Supérieure ainsi que des diaclases* et des failles nombreuses en bordure du plan de chevauchement expliquent pour une bonne part la présence de ce relief karstique. Croquis: Le karst sommital du Mont de Grange Un grand couloir karstique se trouve sur le sommet, ce qui lui donne la forme d’un « cratère ». Dans ce couloir recouvert de pierrailles existe un début de formation de puits à neige, quelques petites dolines* qui se succèdent et quelques lapiés* de petites tailles. Légende photo : Micro-doline au sommet du Mont de Grange, présence de gélifracts et d’argile limoneuse de décalcification. La roche calcaire de la Brèche Supérieure est fortement diaclasée* sur le sommet, la neige persiste pendant la plus grande partie de 1’année et ses eaux de fonte froides attaquent le calcaire de deux manières: d’une part par le biais de la gélifraction*, cela explique 1’importance des gélifracts* (indice d’aplatissement de 3,7 sur un échantillon de 100). d’autre part par dissolution de la roche. L’analyse d’un échantillon du résidu de dissolution, dans une des petites dolines du couloir karstique, nous montre une texture limoneuse puisqu’il existe 20% d’argile, 45% de limon fin, 15,75% de limon grossier et 19,25% de sable. La courbe granulométrique de la fraction sableuse montre un faciès logarithmique donc un dépôt en vrac, cependant nous ne tirerons pas plus de renseignements de celle-ci car la fraction sableuse n’est pas représentative au sédiment. L’analyse calcimétrique est encore plus intéressante puisqu’on ne détecte que 0,22% de C03CA dans cet échantillon, autant dire que c’est insignifiant. Nous pouvons donc conclure sur la présence d’une argile limoneuse de décalcification, ce qui confirme la dissolution des roches calcaires dans ce couloir karstique. Les petits lapiés* s’expliquent par la présence locale d’un pendage très relevé de la couche de calcaire de la Brèche Supérieure ainsi que par la fracturation importante de la roche. (Texte: Bertrand Guffroy) Vocabulaire: Gélifraction (synonymes: Gélivation ou...
Le synclinal de Châtel
La géologie de la commune de Châtel est en fait assez simple puisque l’ensemble du territoire communal est localisé sur la nappe de la brèche sur laquelle est venue par charriage se déposer la nappe supérieure des préalpes. En fait, il est intéressant de savoir que la pointe de Grange, 2432 m., la tête du Géant 2228m. ou la pointe de Chésery, 2251 m., sont constituées par la même roche calcaire de la brèche supérieure. Cette dernière se retrouve encore sous les chalets des Boudimes à 1402m., sous la cascade de l’Essert à 1460 mètres d’altitude. Cela prouve que la commune de Châtel et le cours de la Dranse suivent l’axe d’un synclinal. L’érosion du glacier a permis de découvrir les couches géologiques qui se succèdent sous la brèche supérieure à savoir les schistes ardoisiers qui ont été exploités dans le passé, les calcaires de la brèche inférieure et les schistes inférieurs. Cette succession de couches géologiques est visible entre Très les-Pierres et Villapeyron en rive gauche de la Dranse. Sur la brèche supérieure, la nappe des préalpes supérieures, constituée principalement de roche schisto-gréseuse, s’est déposée par charriage et a résisté à l’érosion au coeur du synclinal. Elle donne la topographie un peu molle que l’on trouve de l’arête des Fours à la Tête des Lindarets et du col de Bassachaux à Lenlevay. (Texte: Bertrand...
La nappe supérieure des Préalpes
La coupe géologique simplifiée permet de distinguer entre Lenlevay et la Tête de Lindaret un synclinal perché dont le coeur est rempli de flysch schisto-gréseux. Cette couche géologique, qui appartient à la nappe supérieure des Préalpes, constitue aussi la ligne de relief d’orientation nord-ouest – sud-est que l’on suit de la crête des Rochassons en passant par la Tête des Lindarets 1950 m, le col de Bassachaux 1778 m, la pointe de Lens 1827m, l’arête des Fours et la pointe des Lanches 1863 m. La dissymétrie qui existe entre les versants s’explique par le processus de gélivation* plus important sur les versants exposés au nord où la neige s’accumule et reste plus longtemps. Pendant les périodes froides des cirques glaciaires se sont formés mais ils sont aujourd’hui mal conservés en raison du manque de résistance des flyschs à la gélifraction*. Cette dernière a fourni suffisamment de matériaux pour adoucir les pentes. Ces terrains sont fragiles et favorisent les mouvements de solifluxion* et les glissements. (Texte: Bertrand Guffroy) Vocabulaire: Solifluxion: Descente, sur un versant, de matériaux boueux ramollis par l’augmentation de leur teneur en eau liquide. Gélivation (synonymes: Gélifraction ou cryoclastie.):Fragmentation d’une roche sous l’effet du gel de l’eau contenue dans ses...
Les grandes lignes de l’histoire géologique du massif du Chablais.
Il y a 200 millions d’années environ, au début du Mésozoïque, une mer peu profonde existait à la place des Alpes. Cette mer alpine (ou océan Alpin) a été soumise à une forte évaporation liée au climat chaud qui prévalait alors. Cette évaporation a favorisé le dépôt de couches de sel. Vers moins 190 millions d’années, c’est-à-dire au début du Jurassique, cette mer peu profonde connaît une déformation liée à l’agrandissement de l’océan Atlantique. Ces déformations tectoniques ont créé des bassins dans lesquels se sont déposées de puissantes séries de sédiments dont le faciès variait suivant la profondeur de la tranche d’eau, l’éloignement des côtes, la direction des courants. Vers moins 130 millions d’années, au Crétacé moyen et supérieur, les distensions liées à l’expansion de l’océan Atlantique ont cessé et c’est un mouvement inverse qui s’est organisé avec le rapprochement de la plaque africaine vers la plaque eurasiatique. La fermeture de la mer alpine s’est poursuivie jusqu’au début de l’Oligocène, il y a 35 millions d’années. Les dépôts sédimentaires se sont décollés de leur socle d’origine grâce aux niveaux d’évaporites (anhydrite, sel gemme) qui ont joué un rôle de lubrifiant et se sont empilés les uns sur les autres. Là où les dépôts morainiques sont absents, il est possible de distinguer les dépôts molassiques tertiaires, notamment au mont de Boissy à l’est de Douvaine et en Suisse entre Saint Gingolph et Bouveret. Les terrains molassiques sont chevauchés par les différentes nappes de charriage qui constituent le massif du Chablais. Ainsi sur les terrains molassiques se trouvent la nappe du Gurnigel qui correspond à la montagne des Voirons au sud est de Saint Cergues, puis la nappe des Préalpes médianes qui constitue la majeure partie du Chablais. La Dent d’Oche 2222 m., le mont Billiat 1895 m. à l’ouest du lac du Jotty, les Cornettes de Bises 2432 m., la pointe d’Autigny 1808 m., le Jorat 1830 m., le mont Chauffé 2095 m., la Haute Pointe 1958 m., au nord de Sommant, constituent les points culminants de la nappe des Préalpes Médianes. Chevauchante sur cette dernière, la nappe de la Brèche dessine un vaste synclinal dont l’axe est nord-est – sud-ouest avec au nord ouest de cet axe un pli anticlinal. Du nord est au sud ouest se trouvent, sur le flanc nord-ouest du synclinal, les sommets du mont de Grange(2432), du roc de Tavaneuse 2156 m., du Roc d’Enfer 2244 m., et sur le flanc sud-est la tour de Don 1998 m., le Morclan 1970 m., la tête du Linga 2156 m., la tête du Géant 2233 m., la pointe de Chésery 2251 m., les Hauts Forts 2466m., la...